Quand Noël et le Nouvel An riment avec deuil

Passer ses premières vacances de Noël sans un proche décédé dans l’année. Non, décidément, ce n’est pas simple. Pour quelles raisons ? A quel point est-ce important de masquer le moins possible nos vraies émotions ? Les précisions de Delphine Letort, présidente d’Histoires de vie, thérapeute psycho-émotionnel et du deuil, psychogénéalogiste, et créatrice des « Goûters de la vie ».

Dans l’absolu, les fêtes de fin d’année sont l’occasion d’être en famille, entre amis, et de passer des moments conviviaux, chaleureux, heureux. Sauf que cet absolu s’éloigne parfois de nos chemins. Et que cette année, Noël ou le Nouvel an s’annoncent compliqués, ou pour le moins différents des autres. “Pour les personnes qui ont perdu un proche dans l’année, c’est complètement dans l’ordre des choses. Toutes les premières fois sans la personne disparue, les dates importantes sur une année entière, vont marquer les phases les plus aiguës du processus de deuil qui durent en général entre 10 et 12 mois donc”, détaille Delphine Letort.

Enlever le masque

Le plus compliqué à gérer ? Les émotions “que l’on va tenter de cacher pour ne pas gâcher la fête, principalement la douleur, celle du deuil (dolore en latin), qui va être exacerbée et en complet décalage avec celles des autres”.

Et dans notre vie sociale, nous sommes souvent amenés à les dissimuler, ces émotions, à porter un masque, à les filtrer, à garder à l’intérieur ce que nous avons de plus intime. Une attitude parfois bienvenue pour ne pas exprimer trop fort nos ressentis personnels, pour ne pas les amplifier non plus. Mais l’équilibre est à trouver car le déni des émotions peut aussi faire du mal. “Je conseille aux personnes que je vois en cabinet de ne pas masquer leurs ressentis, d’accepter la tristesse si elle est là au lieu de la rejeter, d’assumer sa joie si jamais elle est là même si elle semble étrange”, souligne Delphine Letort. L’essentiel étant “d’être le plus possible en phase avec soi-même”. Le plus juste et de ne pas hésiter à penser à vous si une balade, un cinéma, une matinée au lit, à écouter de la musique, une séance de sport, pouvaient vous faire du bien en dehors des moments plus officiels, à table. 

Comment tu te sens ?

Si vous passez Noël et/ou le Nouvel An avec un proche endeuillé, “je conseille d’aller vers lui/elle et de poser la question toute simple “Comment tu vas ? Comment tu te sens ”qui laisse l’occasion à la personne de s’exprimer comme elle le souhaite. Cela évite d’être dans une forme de fuite qui crée de l’inconfort chez tout le monde et renforce pour votre proche le sentiment de solitude”.

Cette question simple peut parfois désamorcer des situations tendues en famille, “sphère dans laquelle nous évitons souvent les sujets qui vont faire remonter les émotions, la famille étant souvent un socle déjà bien chargé d’histoires”.

Point rassurant, “ce n’est pas parce que nous ressentons le manque pendant les fêtes de fin d’année que l’on revient en arrière dans les phases du deuil ou que nous sommes bloqués dans ce deuil”, conforte Delphine Letort. Quoi de plus normal alors, que le manque à ce moment précis de nos vies, aussi fort soit-il ?

Article écrit par Laura Bourgault

Crédit photo : Jacob Lund/shutterstock.com

Sources

  • Interview de Delphine Letort, présidente d’Histoires de vie, thérapeute psycho-émotionnel et du deuil, psychogénéalogiste, et créatrice des « Goûters de la vie », le 7 décembre 2023