Pour traverser certaines épreuves de la vie, nous avons parfois besoin de nous entourer, de nous faire accompagner par des professionnels. Le deuil en fait partie. Comment repérer les signes évoquant un besoin d’aide ? Quels spécialistes consulter en cas de perte d’un proche ?

Le décès d’un proche va générer différentes émotions au fil du temps. Choc, déni, colère, tristesse, résignation, acceptation, reconsruction: toutes ont leur place dans le déroulé d’un deuil dont le vécu sera propre à chacun. Cette épreuve peut être vécue de façon très différente, selon votre proximité avec le défunt, votre état émotionnel dans les derniers moments de vie de la personne et au moment de l’annonce de sa mort. Ou encore de votre passif (s’agit-il d’un premier deuil ? Avez-vous déjà assisté à une cérémonie ?), de vos ressources et de votre rapport plus global à la mort.

Certains deuils vont aussi pouvoir vous impacter même si vous ne connaissiez pas très bien la personne dans votre vie privée. Ce peut être le cas des décès survenant dans la sphère professionnelle : des collègues, des salariés ou des managers avec qui vous n’entretenez certes que des relations de travail. Mais qui prennent pour autant une place importante dans votre quotidien. Sans compter les relations de travail qui peuvent aussi se nouer en amitié. 

Enfin, les deuils font parfois remonter des émotions et des secrets enfouis très loin, en vous ou dans votre famille par exemple. La déflagration sur le moyen terme peut s’avérer plus impactante que ce que vous vous étiez imaginé. 

Pour ces différentes raisons, le deuil ne se traverse pas toujours seul(e). Dès lors que vous sentez que vos émotions deviennent trop envahissantes, que vous avez besoin de vous exprimer mais que les réponses de votre entourage ne vous font pas toujours du bien, que vous n’arrivez pas à reprendre pied dans votre quotidien même progressivement, que vous ne parvenez pas à vous changer les idées, ce peut être le moment de prendre rendez-vous avec :

  • Votre médecin traitant : un professionnel que vous connaissez bien en général, s’il vous suit depuis quelques années, et à qui vous pouvez expliquer ce que vous vivez. Si vous ne connaissez pas très bien votre médecin traitant, cela n’empêche pas de lui parler de votre deuil si vous vous sentez en confiance avec lui. Car non les médecins traitants ne sont pas uniquement là pour le suivi de votre santé physique. Certains médecins traitants sont d’ailleurs formés à la psychothérapie et réservent des créneaux à leurs patients dédiés à ce suivi particulier. En plus de l’écoute, tous les médecins généralistes sont à même de vous prescrire des médicaments diminuant le stress et les angoisses en cas de besoin, le plus souvent en béquille, de façon temporaire donc. Si vous vous posez la question d’aller voir un psychologue ou un psychiatre, ou si votre médecin pense que ce serait une bonne idée, son cabinet peut aussi être l’endroit pour en parler.
  • Un psychologue, « le spécialiste du comportement, des émotions et de la santé mentale », résume le site Ameli.fr. Son activité est exclusivement tournée vers la prise en charge de « la détresse et de la souffrance psychologique », dans leur forme « légère à modérée ». Grâce à « son écoute, son empathie, sa compréhension », le psychologue va pouvoir vous aider à poser des mots sur vos émotions même celles que vous ne comprenez ou que vous n’acceptez pas. En plusieurs séances, vous pouvez démêler des ressentis parfois inconfortables, au lieu de tout garder pour vous et de ressasser seul(e). Ces consultations peuvent aussi être l’occasion de faire le point sur vos réactions et modes de fonctionnement qui parfois vous desservent dans la vie de tous les jours. Certains psychologues spécialisés en hypnose ou en EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocesing, pour désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) par exemple vont pouvoir vous proposer des techniques complémentaires à la parole, permettant d’agir sur le traumatisme que peut parfois provoquer un deuil. 

A noter : les séances de psychologie ne sont pas remboursées sauf si elles sont proposées dans un centre médical spécialisé. Mis en place par l’Assurance maladie, le dispositif « Mon soutien psy » propose 8 séances remboursées à hauteur de 60% avec un psychologue pour les jeunes (3-18 ans) et les adultes qui auront été adressés au préalable par leur médecin traitant (leur pédiatre ou leur sage-femme). Les séances peuvent se faire en présentiel ou en visio si le psychologue propose ce mode de consultation. Vous pouvez retrouver l’annuaire des psychologues agréés en cliquant sur ce lien. Dans le cadre du dispositif « Santé psy étudiant », les étudiants peuvent bénéficier de 8 séances gratuites, en plus des 8 séances de « Mon soutien psy ». Plus de renseignements sont en ligne sur ce site.

  • Un psychiatre sera le spécialiste à consulter si le passé semble ressurgir à grand flot et que vous perdez pied dans votre vie de tous les jours, que des idées noires (risques suicidaires) vous envahissent ou que vous avez la sensation de plonger dans une phase de dépression ou d’anxiété (formes sévères). Autres motifs de consultations : si vous avez des antécédents psychiatriques survenus dans ces trois dernières années ou si vous souffrez d’une dépendance à des substances psychoactives. Le risque étant dans ces deux derniers cas de replonger vers des comportements délétères pour votre santé mentale et physique. En plus du temps d’échange, ce médecin spécialisé dans les troubles et maladies de l’âme pourra aussi vous prescrire des molécules (anxiolytiques, antidépresseurs…) et vous accompagner sur plusieurs mois pour ne pas arrêter le traitement trop soudainement. 

A noter : consulter un psychiatre présente l’avantage d’être en partie remboursé(e) par la Sécurité sociale, à hauteur de 70% du tarif conventionnel si ce dernier vous a été adressé par votre médecin traitant. Certaines mutuelles remboursent également les soins de psychiatrie. Si vous avez un petit budget, privilégiez les médecins conventionnés en secteur 1 plutôt que ceux en secteur 2 pour éviter les dépassements d’honoraires.

Incipio vous donne rendez-vous d’ici l’été 2024 pour de prochains sujets sur l’accompagnement après un décès. Au programme : le soutien des associations ou encore les termes à privilégier (et ceux à éviter!) dans les discussions avec un proche en deuil.

1 Le tarif de la première consultation (entretien) s’élève à 40 euros et chacune des huit autres séances à 60 euros

2 Les psychologues partenaires du dispositif « Mon soutien psy » sont sélectionnés sur la base de leur expérience clinique pour signer la convention de l’Assurance maladie et participer à ce dispositif

 3 Seule la première séance (entretien) devra se faire en présentiel

Crédit photo: fizkes/shutterstock.com

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