Cendres, quel avenir?

Que devient les cendres après crémation ? Loi et options

Depuis le 19 décembre 2018, les cendres funéraires ont désormais les mêmes droits que les corps inhumés. En effet, d’après une réglementation juridique apparu ce-jour là, article 16, « le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence ». 

Par conséquent, pour éviter de tomber dans un coup de délit de violation ou de profanation de sépulture, les proches doivent se conformer à certaines règles lors du choix du devenir des cendres. S’il était même possible de garder les cendres dans un logement ou les diviser aux proches avant cette date, ces pratiques sont désormais punies par loi. Les cendres après incinération peuvent être conservées ou dispersées en respectant les règlements en vigueur. Et c’est ce que nous allons voir dans cet article. 

La conservation des cendres dans une urne

Les cendres du défunt sont insérées dans une urne après l’incinération. Cette urne, appelée urne cinéraire, dispose d’une plaque sur laquelle on peut trouver l’identité du défunt et le nom du crématorium. Si la famille souhaite conserver cette urne, elle peut choisir de la déposer dans un columbarium (espace réservé à cet effet dans les cimetières) ou l’inhumer dans une sépulture caveau familial ou cavurne. Il est aussi possible de faire installer un monument funéraire dans un site cinéraire ou un cimetière et y fixer l’urne qui contient les cendres de l’être cher. 

Comme nous l’avons précisé en haut, il est interdit de conserver l’urne cinéraire dans un logement. Celle-ci peut être placée dans une propriété privée avec une autorisation de la mairie. Notez également que la dispersion des cendres dans un jardin privé est passible d’une sanction par la loi. 

L’expédition de l’urne cinéraire dans un pays étranger est aussi possible par tous les moyens de transport qui existent. Mais avant de se lancer, il faut obtenir une autorisation du préfet du département dans lequel se trouve le crématorium ou du lieu d’habitation du demandeur. Il est également nécessaire de compléter la liste des documents indispensables que l’ambassade ou le consulat du pays de destination communiquera lors de la déclaration cet envoi. 

La dispersion des cendres

La dispersion des cendres est la deuxième option autorisée pour l’avenir des cendres. Toutefois, cette pratique est aussi réglementée. En effet, il est interdit de disperser les cendres dans des lieux publics ou voie publiques. En cas de dispersion en pleine nature, il faut donc s’éloigner le plus possible de ces lieux. D’autre part, si vous choisissez de disperser les cendres en mer, veillez à ne pas le faire dans les cours d’eau interdits. La dispersion des cendres en pleine nature nécessite une autorisation du maire de la commune du lieu de naissance du défunt, et la dispersion maritime requiert une autorisation délivrée par la mairie de la commune du départ du bateau. 

Les familles peuvent aussi choisir de répandre les cendres dans les jardins du souvenir ou les sites cinéraires disponibles souvent dans les cimetières et certains crématoriums de France. 

Ces dernières années, on assiste à un renouveau dans le secteur du funéraire. En effet, le besoin de participer à la préservation de l’environnement a permis à certains entrepreneurs de donner naissance à des pratiques plus écologiques et durables. D’autres entrepreneurs qui n’acceptent pas que la mort est l’achèvement de la vie proposent également des pratiques funéraires remarquables et révolutionnaires. Découvrons les principaux exemples. Notez que la majorité des procédés suivants ne sont pas encore autorisés en Europe bien qu’elles soient très intéressantes. 

La promession

La promession est une pratique funéraire lancée en Suède. Cette technique est tout l’opposé de la crémation puisque le corps sera soumis à une température minimale pour être réduit en poudre. Plus écologique, aucune vapeur toxique ne sera diffusée dans l’air lors du procédé car il n’y a pas de combustion. En effet, la dépouille est soumise à – 18° durant 10 jours avant d’être refroidi à -196° C par de l’azote liquide. Une fois friable, elle sera posée sur une table vibrante afin de favoriser sa transformation en fines particules. Un aimant puissant permettra ensuite de retirer tous les métaux restant (des broches ou autres opérations chirurgicales). A la fin du procédé, la poudre est conservée dans une urne biodégradable et fera un excellent fertilisant naturel après quelques mois. Ce dernier peut donc être utilisé pour planter un arbre. Ce procédé est encore interdit en Europe. 

L’aquamation

A l’opposé de la crémation, l’aquamation favorise la liquéfaction du corps par un liquide. Autrement dit, elle fait recours à un mélange chimique et une température de 180° pour transformer le corps en liquide. Ce liquide présente une forte teneur en nutriments et pourra accélérer le développement d’une plante. Cette pratique produit moins de gaz à effet de serre (moins d’un tiers) que la crémation. Une quinzaine d’Etats américains vont autoriser cette pratique d’ici 2020, alors qu’en Europe, elle demeure toujours interdite. 

Devenez un arbre

Deux designers Italiens qui souhaitent faire regorger les cimetières d’arbres de vie proposent cette technique. Le concept est simple, le corps du défunt est introduit dans un cercueil puis enterré comme lors d’une inhumation classique. Cependant, le cercueil choisi est obligatoirement biologique et biodégradable (non plombé). Avant l’enfouissement du cercueil, une semence est plantée dans le sol. Au cours de sa dissolution, les nutriments dégagés par la dépouille serviront de fertilisant pour l’arbre.

 Si le défunt a subit une crémation, ses cendres sont récupérées dans une urne biologique et biodégradable nommée Urn Bios. Celle-ci doit être mise sous terre avec un terreau ensemencé d’une graine d’arbre (au choix). Ainsi, l’association du terreau et des cendres à la décomposition de l’urne donnera un compost efficace pour favoriser la pousse de l’arbre. Il s’agit ici d’une preuve que la disparition d’une vie humaine peut aider à créer une autre forme de vie. 

Devenez un œuvre artistique

Ce procédé a été mis au point par Dave Blake en 2009 avec son entreprise Spirit Pieces. Son objectif  était de concevoir un souvenir plus artistique et durable de la personne décédée à ses proches. L’américain a eu cette idée après le départ de sa grand-mère. Effectivement, il n’approuve pas l’inhumation et la crémation. Pour lui, ce genre de fin est abrupt et ne permet pas de garder un souvenir artistique de l’être cher. C’est alors qu’il a décidé d’immortaliser les cendres du défunt dans du verre avec l’aide de maîtres vitriers en vue d’obtenir un ouvrage artistique original mais durable.  

Devenez un récif marin 

Après avoir remarqué la détérioration du récif corallien en Floride, des étudiants américains et adeptes de plongée ont mis au point des moules en béton écologique afin de compléter les récifs naturels. Avec leur société Eternal Reefs, ils conçoivent des récifs artificiels, désignée Reef Balls, qui donneront l’opportunité à la vie marine de se fixer et reprendre ses droits. 

Vous vous demandez certainement ce que cela a à voir avec les personnes défuntes. Le procédé est remarquable : une partie des cendres du défunt est ponctionnée et associée au béton pour obtenir des récifs artificiels imitant parfaitement ceux naturels. Cette méthode permet de faire contribuer le défunt à la préservation de la vie marine après sa mort. Les proches du défunt peuvent apposer des souvenirs (coquillages, mots, empreintes…) sur le dôme et planifier une cérémonie commémorative avant l’enfouissement des récifs dans la mer. 

Devenez éternel grâce aux diamants

Vous désirez conserver un souvenir durable et unique de l’être cher après sa disparition ? Sachez qu’il est possible de se servir de ses cendres ou d’une mèche de cheveux pour fabriquer un diamant !  Cette technique est proposée par plusieurs sociétés américaines, y compris LifeGem. La pierre précieuse peut être de différentes couleurs et sera certifiée pour optimiser sa valeur.  

Mélomane pour l’éternité?

Il est également possible de devenir un vinyle sur lequel on peut graver une musique (non protégée par les droits d’auteur) après la mort. Ce concept  original est proposé par la société And Vinyly qui a été lancée par Jason Leach après le succès de sa passion : création de vinyle avec les cendres d’un défunt.  Cette technique révolutionnaire permet également de garder un souvenir durable de l’être cher. 

Tutoyez les étoiles

Cette dernière pratique n’est pas vraiment respectueuse pour l’environnement. Toutefois, elle attire pas mal de personnes qui rêvent de voyager dans l’espace ou de retourner en poussières éternelles. Plusieurs formules sont disponibles : envoi sur la lune, dispersion des cendres dans l’espace, conservation de l’urne dans un satellite géolocalisable, aller/retour. Ce service est proposé par l’entreprise Celestis.